un tournant stratégique
La rumeur selon laquelle Apple envisagerait d'assembler des puces d'iPhone en Inde n'est pas un simple bruit de couloir. Elle pourrait bien constituer le point de départ d'une mutation industrielle majeure. Venons-en aux faits : si Apple confirme et étend l'assemblage, l'Inde se verrait validée comme alternative crédible aux centres de production chinois, avec un effet d'entraînement sur toute la chaîne de valeur.
Pourquoi l'Inde ? Les raisons sont à la fois économiques et géopolitiques. Primo, la concentration des capacités en Chine expose les donneurs d'ordre à des risques politiques, logistiques et sanitaires. Secundo, l'Inde présente une combinaison attrayante : coûts de main-d'œuvre compétitifs, incitations publiques massives et un marché domestique en pleine croissance. New Delhi a multiplié les dispositifs de soutien, notamment le PLI, soit le Production Linked Incentive, qui offre des aides financières pour attirer des investissements manufacturiers. Pour donner un ordre de grandeur, des projets peuvent mobiliser des investissements de plusieurs centaines de millions à quelques milliards d'euros, soit l'équivalent de dizaines de milliers de crores INR.
Qui sont les bénéficiaires probables ? Les OSAT, c'est-à-dire les sociétés d'Outsourced Semiconductor Assembly and Test, sont en première ligne. Ces entreprises prennent en charge l'étape finale qui transforme les wafers en composants prêts à l'usage. Des acteurs mondiaux comme Amkor ou ASE Technology disposent de l'expertise nécessaire pour implanter des lignes d'assemblage et de test. Leur expansion en Inde permettrait de capter les volumes générés par Apple et par d'autres groupes cherchant à diversifier leurs sources.
TSMC et les fournisseurs d'équipements, tels qu'Applied Materials, pourraient jouer un rôle déterminant. TSMC offrirait un transfert de technologie et une assistance en formation, tandis qu'Applied Materials fournirait les machines indispensables à la modernisation des sites. Cela signifie que l'opportunité d'investissement dépasse les seules OSAT : fournisseurs d'équipements, producteurs de matériaux, acteurs logistiques et prestataires de services techniques peuvent aussi profiter du mouvement.
La réussite ne va pas de soi. Construire un hub de semi-conducteurs exige des infrastructures sophistiquées : énergie stable, logistique fiable, chaîne d'approvisionnement locale de composants et personnel hautement qualifié. Les investissements initiaux sont lourds et les retours s'obtiennent sur plusieurs années. La complexité réglementaire, la nécessité de respecter des standards de qualité exigeants imposés par des clients comme Apple, et la cyclicité du secteur sont autant de risques à prendre en compte.
Que peuvent faire les investisseurs francophones ? Plusieurs pistes s'offrent à eux. Ils peuvent acquérir des actions cotées impliquées dans la chaîne : Apple (AAPL), TSMC (TSM), Applied Materials (AMAT), Amkor (AMKR) ou ASE (ASX). Ils peuvent aussi s'exposer via des ETF européens axés sur les technologies ou l'industrie manufacturière. Les plateformes proposant des fractional shares permettent d'acheter des fractions d'actions dès quelques euros. Rappel important : la fiscalité des plus-values dépend de votre lieu de résidence et mérite une consultation avec un conseiller fiscal local.
La question qui se pose est donc celle du timing et de la sélection. L'effet catalyseur d'Apple crée des opportunités pour les premiers entrants, mais il faudra faire preuve de rigueur dans le choix des titres et de patience sur l'horizon temporel. Qui bénéficiera le plus : les acteurs capables d'investir dans la qualité et la formation, ou les suiveurs moins préparés ?
Pour aller plus loin, consultez notre dossier complet : L'ascension de l'Inde dans les semi-conducteurs : le catalyseur Apple.
Aucune information présentée ici ne garantit un rendement futur. Les investisseurs doivent évaluer les risques, diversifier leurs positions et, si nécessaire, solliciter un conseiller financier avant toute décision.