Quand les prix du pétrole baissent, ces secteurs en profitent
La récente décrue des cours du pétrole ouvre une fenêtre cyclique pour les entreprises fortement consommatrices d’énergie. Venons-en aux faits. Pour les compagnies aériennes, les opérateurs ferroviaires et les prestataires logistiques, le carburant représente une part substantielle des coûts d’exploitation. Cela signifie que, tant que le pétrole reste bas, les marges opérationnelles peuvent s’améliorer sensiblement.
Le carburant pèse généralement entre 20 et 30 % des coûts pour une compagnie aérienne. Une baisse de 10 $/baril, soit environ 9 €, peut se traduire par des économies de centaines de millions d’euros pour les grands transporteurs. Concrètement, cela peut transformer un résultat opérationnel à peine équilibré en un excédent confortable. La question qui se pose est donc: ces gains sont-ils durables et traduisibles en création de valeur pour l’actionnaire?
Sur le plan opérationnel, le mécanisme est clair et immédiat. Moins de dépenses carburant signifie une marge brute supérieure. Pour les opérateurs ferroviaires, l’effet n’est pas moins concret. Un coût de diesel plus faible renforce la compétitivité du rail par rapport au transport routier sur la mesure tonne-kilomètre. Autrement dit, lorsque le prix du carburant recule, le rail récupère des parts de marché sur la route, ce qui peut soutenir les volumes et les tarifs pour les opérateurs comme Deutsche Bahn ou la branche fret de la SNCF.
Les géants de la logistique bénéficient quant à eux d’un effet de levier sur l’ensemble de leur chaîne. Un groupe comme United Parcel Service (UPS) ou, en Europe, Deutsche Post DHL voit ses coûts unitaires diminuer, ce qui améliore la marge sur le colis et sur le fret aérien. L’effet est particulièrement visible pour les prestataires 3PL qui peuvent soit conserver le gain sous forme de marge soit l’utiliser pour réduire temporairement les tarifs, gagner des clients et accélérer la croissance du volume.
Le contexte macro actuel, marqué par une offre excédentaire et une demande mondiale affaiblie, peut prolonger cet avantage pendant plusieurs mois. C’est une fenêtre d’investissement cyclique. Historiquement, les actions des secteurs transport et logistique tendent à s’inverser par rapport aux cours du brut. Dès lors, une stratégie tactique pourrait consister à surpondérer ces secteurs lorsque le pétrole recule et à réduire l’exposition si les signes de reprise des cours apparaissent.
Quels risques faut-il toutefois garder en tête? D’abord le retournement rapide des prix en cas de tensions géopolitiques ou de ruptures d’offre. Ensuite une récession qui ferait chuter la demande et annulerait les bénéfices liés au carburant moins cher. Enfin, les variations de change jouent un rôle non négligeable puisque le pétrole est coté en dollars US; pour des entreprises opérant en euros, un dollar fort peut réduire l’effet positif sur coûts.
Investisseurs, que faire? Sur un horizon court à moyen terme, privilégier des positions sectorielles plutôt que des paris sur une seule valeur peut limiter le risque idiosyncratique. Surveiller les annonces d’analystes qui peuvent réviser à la hausse les bénéfices et les notations, ainsi que les programmes de rachat d’actions ou de dividendes financés par ces économies carburant. Pensez à comparer des équivalents européens comme Air France-KLM ou Deutsche Post avec des acteurs américains mentionnés par les marchés, tels que UAL, UNP et UPS, pour équilibrer exposition et liquidité.
La diversification reste clé. Ce texte n’est pas un conseil personnalisé. Les opportunités cycliques existent, mais elles viennent avec des risques précis et mesurables. Pour approfondir, voir notre dossier complet: Quand les prix du pétrole baissent, ces secteurs en profitent.
Les investisseurs avisés sauront profiter de la fenêtre, sans jamais perdre de vue la volatilité inhérente au marché pétrolier et les implications réglementaires locales, notamment sous la surveillance de l’AMF.